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Page:Paré - Lettres et opuscules, 1899.djvu/51

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et opuscules

monté sur un âne vert ; chose rare qu’un âne vert, dans la nature, mais en revanche assez commune dans les arts, paraît-il.

À propos de dîner, j’ai remarqué que notre cuisinière de Saint-Joachim s’attachait trop rigoureusement aux préceptes de l’art. Ainsi elle poussait jusqu’à l’exagération ce principe : la vérité dans l’unité constitue le beau. Donnons comme exemple le dialogue qui s’engagea lors de notre arrivée. — Que faites-vous pour souper ? — une omelette au lard — Pour déjeuner demain ? — du lard avec une omelette. — Mais alors pour dîner ? — Une omelette avec du lard.

Nous trouvâmes le Petit Cap dans un grand brouhaha. On se préparait pour l’illumination et le feu d’artifice. Les uns transportaient des lanternes de diverses couleurs, d’un air affairé ; d’autres dressaient contre les murs, avec un grand déploiement de zèle, de longues échelles oscillantes. À peine avait-on le temps de nous serrer la main. Ceux qui étaient montés sur les échelles se contentaient de nous faire un signe de tête, la hauteur de leur position leur défendant de se livrer à de plus