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découvert que presqu’exclusivement dans le voisinage des rapides.

Ce qui s’explique par le travail des eaux, qui, après s’être creusé un sillon dans la couche argileuse se sont ensuite ouvert un passage à travers les fissures des rochers souterrains d’où elles rebondissent en torrents impétueux et roulent d’abîme en abîme avec un bruit assourdissant.

§II — Le Désert.

Pendant que ce tumulte se passe à quelques cents pieds au-dessous de la plaine, nous nous enfonçons par une gorge profonde dans un petit sentier tracé par les sauvages sur le bord d’un ruisseau et nous voilà tout à coup dans un vaste désert qui me rappelle en tout point mes riches brulés de Temiskaming. En effet, c’est le feu qui encore ici a terrassé la forêt. « Rien de brutal comme un fait, » dit-on. Eh bien ! en voici :

Luxuriante Végétation.

Depuis que les limites du grand bois ont été reculés dans ce coin de terre inconnue ; le sol, désormais échauffé par les rayons du soleil, a montré toute la vertu productrice dont il est doué, cette force de fécondité depuis des siècles enfermée dans son sein et qui ne demande qu’une occasion de naître à la lumière.

En voyant ces herbes qui s’élèvent à la hauteur de vos épaules, ces framboisiers vigoureux et ces lianes exubérantes de santé qui grimpent aux chicots carbonisés vous n’avez qu’un regret celui de ne pas arriver bien vite à un beau champ cultivé ou à la ferme d’un riche propriétaire.

Hélas ! que de trésors ainsi perdus ! Si nous Canadiens savaient ?… Et quand on pense qu’il y a ici des milliers d’âcres de terre unie comme une carte, où pas une pierre ne viendra heurter le soc de la charrue.

Ce n’est pas tout pourtant, nous ne sommes ici qu’au commencement de cette zone dont je vous parlais