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Page:Parigot - Alexandre Dumas père, 1902.djvu/142

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ALEXANDRE DUMAS PÈRE.

par une force de dissimulation peu commune. Henri III, dans la Dame de Monsoreau et les Quarante-Cinq, est un modèle de fiction et de vérité. Ne vous récriez pas, ne dites pas que c’est impossible, que Dumas, improvisateur, n’a pas le secret des âmes. Que vous répondrai-je ? Revoyez l’histoire : c’est bien la même physionomie complexe, déconcertante, et fatale ; même air de hauteur, qui révèle d’abord son fils de France ; même perfidie peinte sur le visage et pareille finasserie à l’italienne. Et c’est encore le même assemblage de ruse, de subtilité, de superstition, de folie, d’hypocrisie, (« le plus grand comédien de son royaume »), de débauche sans plaisir, de foi sans mesure, de férocité souple et de lâche despotisme. Vraiment, oui, le voilà, le vainqueur de Jarnac, fardé, grimé, cosmétique, voyageant en sa litière avec sa ménagerie de petits chiens et de favoris, incroyable parodie du pouvoir absolu ! Et voici qu’apparaît, se glissant dans les couloirs du Louvre, celui en qui la royauté revit, le Béarnais fin, adroit, besogneux, opiniâtre et tenace, tremblant avant le combat, mais ferme, alerte et vaillant et gai à l’action. C’est l’esquisse d’un prince français, presque d’un mousquetaire. Thane de Glamis, tu seras roi !

Ainsi, de Charles VII à Louis XVI ils défilent sous nos yeux, ou plutôt ils s’animent et s’agitent, caractérisés par les traits essentiels, et jugés à leur mesure, ou plutôt à la nôtre qui est l’admiration populaire pour cette énergie française, dont Napoléon venait d’éprouver les réserves. Ils ne sont point analysés avec subtilité ; mais ils ne heurtent pas