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Page:Parigot - Alexandre Dumas père, 1902.djvu/143

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LE ROMAN DE L’HISTOIRE.

l’histoire. La foule, qui les voit de si près, n’étant elle-même qu’une force naturelle, tempétueuse, sentimentale et trop longtemps servile (Dumas n’éprouve pas pour elle la tendresse de Michelet ; mais il aime les gens du peuple et les individus sortis de son sein), compare le sang fatigué de ces Valois et Bourbons à la sève toute neuve qu’elle sent en soi, le fou Chicot à son maître, le médecin Rémy, Ange Pitou, Lorin aux princes du passé ; elle songe encore une fois aux Marceau, Hoche, Augereau ; et, l’imagination prenant l’essor, elle revoit celui qui, par sa seule puissance, ruina la légende des rois pour fonder la sienne. À présent, il lui semble que la force soit reine du monde…. « Car en ces temps de force brutale, où la puissance personnelle était tout (la Dame de Monsoreau), un homme pouvait, s’il était vigoureux et adroit, se tailler un petit royaume dans le beau royaume de France » ; elle revoit en pensée tous les humbles héros, en qui se perpétue l’âme de la France, depuis la Reine Margot, la Dame de Monsoreau, les Quarante-Cinq, jusqu’à Balsamo, le Collier de la Reine, Ange Pitou, la Comtesse de Charny, le Chevalier de Maison-Rouge ; et joyeusement, elle assiste à sa propre élévation et au triomphe de l’individu dans la suite de ces romans historiques qui de l’histoire ne sont que la plaisante résurrection, à la mode du plaisant pays de France.

Car dans les chroniques et mémoires, Dumas, non moins que Stendhal, Mérimée et Alfred de Vigny, recherche la passion forte. Mais il la veut forte, parce qu’il la veut dramatique. Ni l’affection née du devoir, ni les inclinations issues de l’estime ou de l’habitude