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Page:Parigot - Alexandre Dumas père, 1902.djvu/39

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LE DRAME HISTORIQUE ET POPULAIRE.

Catherine de Clèves, et on dit qu’il en était aimé… » Or le duc, pour éprouver sa femme, dont il est jaloux, lui donne à choisir entre le poignard et le poison. La dame avale le breuvage et se recommande à Dieu ; le mari, rasséréné, lui apprend qu’elle a seulement pris un excellent consommé. « Sans doute, ajoutait le bon auteur, cette leçon la rendit plus circonspecte dans la suite. » — Notre bureaucrate, en quête de papier, découvrait un drame. Il avait de mauvaises études, mais de bonnes lectures ; et il possédait le génie. En sorte que cette formule nouvelle où inclinait Corneille vieillissant, où Voltaire et Marivaux, Diderot et La Chaussée, Mercier et Beaumarchais aspiraient confusément dans un état de société qui la rendait impossible, cette émancipation du théâtre à laquelle, depuis que la Révolution avait renversé les barrières et Napoléon lancé au galop l’individualisme à travers le monde, l’imagination du peuple libre et le prurit d’action de la foule pacifiée tendaient invinciblement, que Stendhal entrevoyait dans ses paradoxes et Victor Hugo cherchait à tâtons dans ses prophéties, — le demi-nègre, l’employé à quinze cents francs, comme disaient ses chefs de bureau, jetait cette formule toute vive sur la scène du Théâtre-Français, et, l’enflammant de sa prose ardente, l’affranchissant de la tyrannie traditionnelle du vers, la trempait à la source populaire, qui est la force même du drame. Ce que Lemercier dans Pinto présageait à la suite de Beaumarchais, ce que Pixérécourt humiliait dans le mélodrame sentimental, ce que Casimir Delavigne essayait avec modestie à la suite de Schiller, ce que