Aller au contenu

Page:Parigot - Alexandre Dumas père, 1902.djvu/40

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
28
ALEXANDRE DUMAS PÈRE.

Vitet esquissait avec conscience dans ses scènes historiques, Alexandre Dumas le créait de toute pièce, par un coup de maître, dans Henri III et sa cour. J’ai noté ailleurs et par le menu[1] les secours qu’il a trouvés dans Schiller et Walter Scott. Mais l’œuvre était vivante, et inspirée du souffle moderne. Le drame du siècle était né.

Enfin le public voyait ses convoitises imaginatives réalisées sur la scène. Si les interprètes d’Henri III « ont ressuscité des hommes et rebâti un siècle », selon le mot de l’auteur, nous aurons à le discuter. L’essentiel, en cette affaire, est que le sujet soit emprunté de notre pays et d’une époque où les passions entières se déploient dans l’action violente, où le geste de l’amour et de la haine n’est point atténué par la bienséance ; que cette époque encore, assez rapprochée, par les luttes qui la divisent, des convulsions que la France vient d’éprouver, semble assez énigmatique et reculée pour se prêter à la fantaisie du théâtre et régaler nos yeux par le pittoresque du spectacle ; et qu’enfin elle soit vue d’un tel biais que les princes et les grands, parlant le langage de tout le monde, paraissent immédiatement ramenés au commun niveau, sur la scène comme dans l’histoire, où le peuple a désormais conquis sa place, individualité anonyme et souveraine, à côté des rois.

Pour grands que soient les rois, ils sont ce que nous sommes.

Dumas ne s’embarrasse ni de système ni de théorie. Il est l’homme même du drame. Il prend l’his-

  1. Voir Le drame d’Alexandre Dumas.