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Page:Parigot - Alexandre Dumas père, 1902.djvu/42

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ALEXANDRE DUMAS PÈRE.

lement les changements de ton. Joyeuse, qui a pour devise « hilariter », n’est pas un gracioso chargé d’accrocher le comique au tragique. Dumas ne part point d’une idée ; il ne construit pas une antithèse. Il se garde de confondre des mots d’esprit avec des mots de situation ou de tempérament. C’est le conflit même des tempéraments et des situations qui opère le mélange. Une fois les énergies aux prises, il n’est point de queue-rouge ni de picaro dont les concetti pussent arrêter la marche du drame. Et le spectateur, haletant, en est tout aise.

Non, Dumas n’a point de système ; mais sa propre facture apparaît. Dans le décor (historique aujourd’hui, moderne demain), il resserre la crise, d’une poigne solide que le général n’eût point désavouée. L’intrigue, qui semble d’abord éparse, se noue bientôt avec force. Les situations s’appellent, s’adaptent, se commandent, avec l’inflexible mouvement d’un engrenage. Toutes les « semences » de la pièce ne sont plus réservées au premier acte, comme dans la tragédie : c’est un souple enchaînement de préparations, d’indices, de rappels qui propagent l’intérêt. Désormais, on devine plus qu’on ne voit le mécanisme. La curiosité est trop forte ; l’action trop engagée ; l’émotion trop vive. Dès que Catherine de Médicis, dans le dessein de régner sur le roi, s’est mise à agir Saint-Mégrin et le duc de Guise, c’est une progression vigoureuse, qui ne nous laisse plus respirer. Cinq actes, — le second consacré à la cour, plus long, — le dernier, comme il sied à la fin, plus concis. Au Ier, Catherine manœuvre le mari et l’amant ; au IIe, Saint-Mégrin provoque le duc de