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Page:Parigot - Alexandre Dumas père, 1902.djvu/43

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LE DRAME HISTORIQUE ET POPULAIRE.

Guise ; au IIIe, l’action se ramasse, l’émotion se tend, comme un ressort : le mari éprouve sa femme, dans la violente scène du poison et du gantelet ; au IVe, Saint-Mégrin est appelé au rendez-vous, pendant que le duc de Guise, joué par le roi, ressent toute sa jalousie et caresse son poignard ; le Ve est un guet-apens, un coup de main brutal, une frénésie d’émotion : on étouffe, comme à tous les dénoûments de Dumas. Et ce pathétique est d’une aimable simplicité : Saint-Mégrin a évité le mari au premier acte ; le mari le tue au dernier. Entre temps les passions grondent, les colères s’allument, les situations se précipitent, les mots d’action éclatent, comme des coups de tonnerre. « Saint-Paul, qu’on me cherche les mêmes hommes qui ont assassiné Dugast ! » (Fin du Ier) « Tu provoques trop tard, ton sort est décidé » (II). « Dugast ! Dugast ! Et toi aussi, tu volais à un rendez-vous d’amour, lorsque tu es tombé assassiné » (III) • Et cette réplique finale : « Eh bien, serre-lui la gorge avec ce mouchoir ; la mort lui sera plus douce : il est aux armes de la duchesse de Guise. » Antony ne sera pas d’une autre facture qu’Henri III et sa cour : tout le tempérament musclé de Dumas se révèle dans ce premier drame. N’avait-il pas raison d’écrire plus tard : « C’est à propos d’Henri III qu’il est facile de voir que la faculté dramatique est innée chez certains hommes » ?

Énergie et logique théâtrale, voilà son fait. Sa logique même est une force, souriante ou effrénée, qui emporte situations et public.

Il faut tout tenter et faire
Pour son ennemi défaire.