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Page:Parigot - Le Drame d’Alexandre Dumas, 1899.djvu/232

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LE DRAME d’ALEXANDRE DUMAS.

confie qu’il est allé étudier l’antiquité sur place, l’antiquité archéologique, historique, officielle, et l’autre. (L’autre, n’est-il pas admirable ?) Il y paraît à la mise en scène. Nous voyons la boutique d’un barbier et la chambre à coucher de Caligula ; nous voyons presque celle de Messaline. Tout ce qui concerne le spectacle, tout ce qui offre un intérêt de curiosité ou d’intimité alléchante, y est représenté avec adresse. Le drame tragique se rapproche de son origine, qui est le musée de Walter Scott, et déjà touche à sa fin, qui est la pièce à restitutions archéologiques de M. Victorien Sardou. Pour ce qui est d’une tragédie, même modernisée, et de l’art tragique en sa simplicité grande, même rajeuni, n’en parlons point.

Ne parlons pas davantage des idées de la Préface ; il est entendu qu’elles ne sont pas dans la pièce. Ces romantiques se grisent d’avant-propos, comme leurs pères s’enivraient de proclamations. L’affiche même fait illusion : Caligula n’est qu’une pièce à décors, en vers, corsée d’un mélodrame très implexe. Le paganisme y est figuré par Messaline et Caligula ; le christianisme par Stella et Aquila. Chéréa, le conspirateur, n’est autre que Fiesque. Polyeucte voisine avec Britannicus. Je note au IVe acte une scène de la « porte difficile » déjà vue dans Henri III[1]. Il est vrai que, dans la même scène, Stella, qui pense avoir converti Aquila, éprouve que cette conversion inspire au néophyte de singuliers désirs. Et il est certain aussi qu’on regrette la plume subtile qui écrivit l’Abbesse de Jouarre. La mythologie se marie au christianisme et aux légendes provençales ; les invraisemblances se confondent dans ce pêle-mêle. Ce ne sont que tableaux immenses, couplets sans fin, tapisseries de haute lisse,

  1. Caligula (Th., VI), IV, sc. ii, p. 96.