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LE THÉATRE D’HIER.

son fils, femme, elle l’expose à des repentirs et à des déboires, épouse, elle trahit la mémoire de celui qui lui avait donné un nom intact, avait fait d’elle la chrétienne qu’elle est, et qui, en retour, pouvait espérer qu’observant avec simplicité et humilité la loi de l’Évangile, elle sauvegarderait l’honneur et la pureté de sa maison ; — nierez-vous que cet héroïsme soit un peu plus ou moins — plutôt moins — que chrétien, ni modeste ni humain assurément, et qu’à peine en pourrait-on dire qu’il est une pieuse, mais cruelle hallucination ? J’en appelle, moi aussi, à toutes les mères, chrétiennes sans « idées folles », charitables sans frénésie, qui interprètent la parole de Dieu sans subtilités ni équivoques, et qui n’ont pas, dans leur enfance, entendu les voix.

Décidément, ce sont là des Idées, auxquelles on ne touche point sans en avoir et le profond respect et la religieuse accoutumance ; et c’est jouer gros jeu, que d’entreprendre à l’improviste de raisonner avec l’Écriture et de faire sur le théâtre la leçon à l’Évangile. À quoi M. Alexandre Dumas répond : « Les gens, qui nous chicanent quand même, et qui ne comprennent pas grand’chose à ce qu’on leur dit, ne s’en sont pas moins écriés : Cet auteur est fou ; il veut que nous fassions épouser à nos fils des filles qui auront préalablement fait un enfant avec un autre monsieur[1] ! » — Est-ce que d’aventure cette laborieuse exégèse aboutirait à démontrer le contraire ?…


VIII

INFLUENCE DES IDÉES SUR L’ŒUVRE.


Il n’y aurait pas lieu d’insister sur les Idées de M. Alexandre Dumas, si elles n’avaient eu pour effet

  1. Préface des Idées de Madame Aubray.