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LE THÉATRE D’HIER.

époque, beaucoup de raison, beaucoup d’esprit, et de l’imagination, est un écrivain de théâtre extraordinaire. Peu importe, à distance, qu’il se soit embarrassé de théories : les théories passent, et la matière de l’observation demeure. Vers la fin de sa journée, alors que le soir descend et qu’une demi-lumière voilant son œuvre prépare aux hommes le loisir de la consacrer par une admiration recueillie, il doit avoir conscience, ainsi que le poète, de léguer à ses arrière-neveux un monument, dont plusieurs parties sont d’airain, où plus tard leurs yeux dessillés liront parmi les étranges préjugés de notre époque positive le plus grave contre-sens de ce siècle, qui est la femme moderne, et pourront contempler sur un bas-relief plein de mouvement et de vérité la folle insouciance d’une aristocratie éperdue, qui définitivement cède la place. N’est-ce pas de quoi consoler le grand dramaturge d’avoir été un idéaliste contestable, un législateur téméraire, un chimiste douteux, et un apôtre peu chrétien ?