Page:Parigot - Le Théâtre d’hier, 1893.djvu/316

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
256
LE THÉATRE D’HIER.

sujet est plus épineux : « Comprenez donc, ma tante, qu’elle n’est pas au point… que c’est… enfin qu’elle n’a pas l’étincelle… Connaissez-vous la machine électrique ? » C’est-à-dire, pour clairement parler : « Vous brûlez, ma tante, vous brûlez ; attendez quelques scènes, et vous y êtes. »

Cependant, pour amuser les plus impatients, l’auteur s’ingénie à trouver d’agréables accessoires ; il a, comme M. de Casteljac, avec plus d’esprit et de fantaisie, des figures nouvelles à chaque saison, c’est à savoir la prison de l’amour, les cerceaux enchantés, et la tête de bœuf : je veux dire la scène de l’éventail pf ! pf ! des sonnettes drelin ! drelin ! du tonnerre brum ! brum ! de la poupée couic ! couic ! de la machine électrique, de la robe noire, de la serre et de l’indique-fuite. Si vous prétendez qu’il y a plus d’artifice que d’art à fourrager ainsi dans le magasin de la Comédie Française, je vous répondrai que ces artifices, au moins, ne sont pas coûteux, qu’ils n’affichent point des prétentions excessives, qu’ils sont peut-être simplement un effort aimable de réalisme à bon marché, que Molière lui-même n’a pas dédaigné ces petits moyens, et que j’ai vingt raisons de croire que M. Pailleron rend au monde ce que M. de Casteljac lui a prêté.

D’où il suit qu’il n’apporte au théâtre qu’un rare talent d’amateur ? Je ne dis pas cela. Mais sans doute n’est-il point impertinent de croire que ses premiers efforts ont révélé quelque chose d’approchant, pas plus qu’il n’était inutile de rappeler d’où procèdent les qualités très personnelles, qu’il a heureusement développées plus tard. Il a su fouiller davantage le champ de ses observations, mais le travail de l’invention ne lui a vraiment réussi que dans ce coin du monde, pour lequel il était fait, et où naturellement il avait pris position. Il y a découvert des régions mal connues, mitoyennes, peu définies, et, sans labeur apparent,