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XXII
INTRODUCTION.


III

POSITIVISME ET RÉALISME.


« Les faits, je les méprise ! » disait bellement l’idéaliste Victor Cousin. — « Enrichissez-vous », répliqua Guizot, effrayé de ce hautain mépris des réalités. Et la science, hâtant ses fécondes besognes et multipliant coup sur coup ses découvertes, jetait à tous les vents et dispersait en tous sens, dans une fièvre d’inventions pratiques et appliquées, la maxime de l’évangile nouveau : « Enrichissez-vous ». Ce fut, dès lors, contre l’idéalisme intransigeant la revanche des faits. Pour la bourgeoisie le romantisme était la première exaltation et l’ivresse du triomphe. Sur ces cimes, elle éprouvait toutefois du vertige.

L’esprit bourgeois, qui n’est pas uniquement celui de M. Homais, consiste plutôt en une lucidité avisée de l’intelligence. Du positivisme s’accommodaient mieux ses réelles et foncières aptitudes. Il ne se hausse pas volontiers aux sublimes conceptions ; ou, du moins, il n’y séjourne guère. L’oxygène, dont l’impalpable nappe s’étend sur les routes directes et le terre-à-terre appréciable des choses, est nécessaire à le maintenir en équilibre et en santé. Mais tout ce qui est ressource ou embellissement de la vie est par lui conçu vite et bien. Tout ce qui est vérité de fait, il se l’assimile