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LE THÉATRE D’HIER.

en relief les joies sereines de la maison, les mœurs dangereuses qui menacent la famille ou la société (Gabrielle, le Gendre de M. Poirier, les Lionnes pauvres, la Contagion, les Effrontés, le Fils de Giboyer, Paul Forestier, Jean de Thommeray), et ailleurs enfin, parce qu’il a défendu et imposé l’honneur de sa morale et de son théâtre par des pièces d’une portée plus occasionnelle, sinon de polémique, et qui sont à la scène comme les manifestes de ses idées : (Diane, à l’adresse des romantiques et à l’appui de Gabrielle ; le Mariage d’Olympe contre la glorification de la courtisane et à propos de la Dame aux Camélias ; plus tard Madame Caverlet et les Fourchambault, où il semble avoir déployé la coquetterie de sa vieillesse et de son expérience à composer deux pièces à thèse sans thèse, à traiter une question d’actualité sans éclat, à débrouiller l’antinomie du Fils Naturel sans excès de logique ni de raisonnement). Et c’est une gradation aisée et comme une naturelle extension de la pensée, depuis la comédie familiale jusqu’à la comédie sociale, de Gabrielle aux Fourchambault, qui résument sa carrière et son talent. Émile Augier l’avait apparemment senti, puisqu’alors il s’est résigné au repos.

III

LA FORMULE DRAMATIQUE.


J.-J. Weiss, qui a poussé l’amour de Regnard jusqu’à l’idolâtrie, a dit d’Émile Augier : « C’est un second Regnard, plus original en ses combinaisons, plus varié en sensations poétiques, plus pénétrant et de plus de portée que l’autre[1]. » Ce jugement, très contestable

  1. J.-J. Weiss. Le Théâtre et les mœurs, p. 347.