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mations de M. Francisque Michel, et sur les raisons que l’on avait eues de présenter comme un travail entièrement neuf, l’exploitation des longues veilles d’un véritable savant ; on ne justifie ni le Mallum, ni Théroulde, ni les imputations faites à Calixte II, ni les Chandeliers, ni le Montjoyeuse, ni le vers blanc. M. Génin a, comme on sait et comme il veut bien le dire, si peu de goût pour la polémique, qu’il ne veut pas aborder ces minuties. En revanche, il démontre clairement que je ne sais pas le grec, que je ne sais pas le latin, et que je ne sais pas le français ; le tout avec une grâce si naturelle que je me ferais scrupule de le contredire en tout cela. Mais M. Génin tombe encore ici dans le péché mignon qu’on lui connaît, lorsqu’il se vante de « crier le premier sur les toits et sur les places publiques ce qui ne se disait de moi qu’à l’oreille. » Ces mots à l’oreille (plus amusants que les vers blancs du Théroulde), sont imprimés depuis treize années, et M. Génin, en les réunissant, n’a fait que la troisième édition d’une chanson toute différente de la Chanson de Roland publiée en 1838 sous le titre de Lettre de M. Benjamin Guérard à son frère, et réimprimée par moi dans toute sa pureté, avec un texte critique dont je devais penser que M. Génin tirerait grand profit, comme il avait fait du texte critique de M. Francisque Michel. Quoi qu’il en soit, j’espère qu’il ne s’en tiendra pas là : il trouvera facilement d’autres fautes dans mes ouvrages, quand il se lassera de les chercher par commissaires ; et comme alors ses découvertes lui appartiendront, je pourrai profiter de ses critiques, fussent-elles exprimées dans la nouvelle forme qu’il vient de donner à des ressentiments depuis longtemps oubliés de part et d’autre. M. Génin, avant de terminer sa Lettre, veut bien m’autoriser à rester membre de l’Institut ; je l’en remercie, comme je dois. Cependant il y met une condition assez dure, cette d’y « faire amende honorable à mes confrères, le rudiment au poing. » Il oublie qu’à son âge et au mien on ne fait plus amende honorable pour une étymologie douteuse, mais pour une mauvaise action constatée. D’ailleurs il semble confondre ici la classe académique à laquelle j’appartiens avec une autre classe dans laquelle il aurait autrefois tenu le rang le plus élevé, et ce qui me confirme dans cette conjecture, c’est le zèle ardent qu’il avait montré, dès les premiers jours de sa carrière administrative, pour soumettre tout l’Institut à la retenue. Il me conseille aussi de ne pas retourner au Collége, pour éviter le fouet qu’on ne manquerait pas de m’y donner. Voilà du moins un bon avis, et j’en profiterai pour plusieurs raisons, tout en me félicitant de n’avoir pas été sur les bancs, dans le temps où M. Génin en faisait la police. Que serait devenu le pauvre Bautru ! disait en pareille circonstance un autre académicien. Ainsi je ne me plains de rien, sinon d’une bonne calomnie, cette fois renouvelée d’un Grec. Écoutez ; c’est à la page 34 : « Il osa écrire dans une dissertation polémique signée en toutes lettres : La Restauration eut, en 1815, le bon esprit d’éloigner M. Daunou des Archives. Il y a des faits qu’il suffit d’énoncer. »

Vraiment oui, M. Génin ! mais à la condition qu’on les énoncera. Je vous abandonne de grand cœur ma pauvre érudition, mon latin, mon français : mais vous ne serez jamais l’arbitre ni la règle de mes sentiments et de mes convictions désintéressées. Voici, comme vous ne l’ignorez pas, ce que j’ai écrit et ce que j’écrirais encore :

« Le successeur du républicain Camus dans la Direction des Archives, fut un autre républicain justement célèbre à titres nombreux et divers, M. Daunou, qui, d’ailleurs, ne comprenait guère mieux que Camus le culte ou seulement l’intérêt des souvenirs de notre ancienne et glorieuse monarchie. La restauration eut, en 1815, le bon esprit d’éloigner M. Daunou des Archives, en lui donnant, comme un