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Page:Paris, Paulin - Commentaire sur la chanson de Roland. II.djvu/3

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notre temps, moi seul peut-être excepté ; j’ai donc usé du droit le plus légitime du monde, en soumettant ce livre au jugement impartial et sévère de la critique. Et puis, il y a plusieurs façons de provoquer les gens. Par exemple, quand le Journal des Débats, le Journal des Savants, le Bulletin de la Société de l’histoire de France, et d’autres recueils non moins graves, s’accordent à présenter la troisième édition de la Chanson de Roland comme une véritable découverte, comme un chef-d’œuvre d’érudition et de sagacité, n’est-ce pas une sorte d’invitation faite aux juges compétents de rétablir la vérité, en démontrant que l’auteur de cette édition n’avait rien découvert, rien révélé, pas même le nom de ceux dont il mettait la science à contribution ? Il en coûtait quinze sous autrefois pour siffler le roi des Huns ; n’avais-je pas le droit, après avoir acheté quinze francs le poëme de Théroulde, de donner mon avis sur une œuvre déjà tant louée ? Pour M. Génin, nous aimons sans doute à le voir protester aujourd’hui de son caractère inoffensif et de son « labeur consciencieux ; » mais aviser une excellente édition, s’approprier les éléments qui la composent et la reproduire comme une œuvre entièrement nouvelle ; en vérité, ce n’était pas là « passer tranquillement son chemin. »

Parler avec un sublime mépris de tous les pauvres érudits qui avaient jusque-là consacré leurs veilles désintéressées à faire mieux apprécier la littérature du moyen âge, ajouter que l’intelligence du public avait fait bonne justice de leurs éditions, rassemblées au gré du hasard et désavouées par le goût, ce n’était pas encore là « passer tranquillement son chemin. »

Proclamer que personne n’avait essayé de connaître les origines de la langue française, et tout de suite annoncer qu’on allait aborder, pour les résoudre, des questions entièrement neuves ; ce n’était pas là « passer tranquillement son chemin. »

Faire son profit de la découverte de M. Bethmann et du premier travail de M. Coussemaker, sans daigner même nommer ces deux doctes devanciers ; ce n’était pas encore là « passer tranquillement son chemin. »

Enfin, et pour ne parler que des points relevés dans mon premier article, grouper, autour de l’exploitation du travail des autres, un amas de paradoxes qui en détruisent tous les résultats scientifiques ; traduire Bré par Syrie, Imphe par Antioche ; prendre la vilaine nation des Cuneliers pour des porte-chandel-