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amour et obeissance, et Dieu me laist faire chose qui lui puist plaire ! »


Il étoit, je crois, assez difficile de dire plus clairement qu’après avoir fait dans sa jeunesse une première rédaction de l’histoire des cinq années qui suivirent la funeste bataille de Poitiers, il avoit reconnu plus tard les lacunes et les imperfections de ce premier travail, et qu’il le remanioit, à la prière et avec les secours pécuniaires de Robert de Namur. Mais Froissart ne s’étoit pas alors contenté de corriger son premier manuscrit, il avoit été conduit à reprendre l’histoire de plus haut que la bataille de Poitiers, avec le secours d’une autre Chronique un peu plus ancienne : celle de Jean le Bel. Écoutons-le :


« On dist, et voirs est, que tous edifices sont ouvrez et maçonnez l’une pierre après l’autre ; et toutes grosses rivieres sont faites et assemblées de pluseurs ruisseaus et fontaines : aussi sont les sciences estraites et compilées de plusieurs clers, et ce que l’un ne scet, l’autre scet, et riens n’est qui ne soit sceu ou loing ou près. Dont aussy, pour attaindre à la matiere que j’ai emprise de commencier, je me vueil maintenant fonder et ordonner sur les vrayes croniques jadis faites et assemblées par venerable homme et discret monseigneur Jehan le Bel, chanoine de Saint-Lambert de Liege, qui grant cure et grand diligence mist en ceste matiere, et la continua tout son vivant au plus justement qu’il pot, et moult lui cousta à l’acquerre et à l’avoir ; mais quelx freis qu’il i mist, point ne les plaigny ; car il estoit riche et puissant, si les povoit bien porter, et de soy mesme large, honourable, courtois et qui voulentiers voyoit le sien despendre. »


Si nous joignons aux lumières que vient de nous fournir le prologue du premier livre, celles que nous allons devoir au préambule du quatrième, nous aurons le secret de toute la