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composition des Chroniques de Froissart. Ainsi nous savons déjà que l’auteur avoit, jeune encore, présenté à la reine d’Angleterre, le premier récit des événements, à partir de la bataille de Poitiers, — que dans sa vieillesse, il avoit, d’après les conseils de Jean de Namur, fondu ce premier récit dans une nouvelle rédaction, prenant l’histoire trente années plus haut, à l’aide des Chroniques de Jean le Bel. Mais avant de refaire cette seconde rédaction de la première partie, Froissart avoit continué la première rédaction sous les auspices de Guy de Chastillon, comte de Blois ; et c’est là ce qu’il va nous dire en excellents termes dans le préambule du quatrième et dernier livre.


« À la requeste, contemplacion et plaisance de treshault et noble prince mon treschier seigneur et maistre Guy de Chastillon, comte de Blois… Je Jehan Froissart, prestre et chapelain de mon treschier seigneur, et pour le temps tresorier et chanoine de Chymay et de Lille, me sui de nouvel resveillé et entré dans ma forge pour ouvrer et forger en la haute et noble matiere de laquelle ou temps passe je me suis ensoigné… Or considerez entre vous qui le lisez comment je puis avoir sceu ne rassemblé tant de faits desquels je traite. Et, pour vous informer de la verité, je commençai jeune, dès l’aage de vint ans : et si, sui venu au monde avec les fais et les avenues, et si y ai tousjours pris grant plaisance plus que à aultre chose ; et Dieu m’a donné tant de grace que je ai esté bien de toutes les parties et des hostels des rois. Et par especial, de l’hostel du roy Édouart d’Angleterre, et de la noble royne sa femme, madame Phelippe de Hainaut, royne d’Angleterre, dame d’Irlande et d’Aquitaine, de laquelle en ma jonesce je fui clerc, et la servois de biaus dittiez et traittiez amoureus. Et pour l’amour du service à la vaillant dame à cui j’estoie, tous autres seigneurs, rois, ducs, contes, barons et chevaliers, de quelques nacion que ils fuissent, me amoient et