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sur la poule au pot du dimanche ; voici comment Louis de Charmoy parle des petits vignerons et laboureurs de son temps :

…Tous deux tant que le four dure…
Travaillent aux champs, et le soir
Quand tout se veut couurir de noir,
Ils retournent en leur maison
Affamez comme de raison…
Alors leurs femmes promptement
Mettent la nappe, et de pain dur
Tout leur potage, et de vin pur
Le pot bien rinsé vont emplir.
De là voyans leur pot broüillir,
Tirent la chair, et du broüet
Trempent le pain. Puis à souhait
(Les mains nettes, et Dieu prié
Qui ne doit pas estre oblié)
Soupent ioyeusement ensemble
Avec leur famille, qui semble
Faire feu de toutes ses dents…
Peu apres, travaillez qu’ils sont,
En leur lict reposer s’en vont,
Pour de nouueau le lendemain
Se reveiller de bon matin,
Et retourner à la besogne…

À votre avis, cette façon de vivre ne valait-elle pas déjà celle de nos ouvriers du 19e siècle ? De plus, ces braves gens-là ne négligeaient pas l’instruction de leur famille :

Lors aussi voyant leurs enfans
S’ils ont esté bien diligens
À l’escolle. Car un bon pere
Fera plus tost moins bonne chere
Que ses enfans ne sçachent lire,
Et, du moins, quelque peu escrire,
Pour apres les mettre à mestier,
Et les garder de mendier…
Mais s’ils ont assez de moyen
De pousser leurs enfans à bien,
I’entend aux estats et honneurs
Pour les voir, un jour grands seigneurs,
Du moins advocats, conseillers,
Iuges, ou entre les premiers
Du pays, ils n’espargnent pas