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D’ARIMATHIE.

être sauvé il te suffit de croire en moi. — Ah ! Seigneur, » répondit Joseph, « ayez pitié de moi ; me voici enfermé dans cette tour, je dois y mourir de faim. Vous savez combien je vous ai aimé ; je n’osais vous le dire, par la crainte de n’en être pas cru, dans la mauvaise compagnie que je hantais. — Joseph, » dit Notre-Seigneur, « j’étais au milieu de mes amis et de mes ennemis. Tu étais des derniers, mais je savais qu’au besoin tu me viendrais en aide, et, si tu n’avais pas servi Pilate, tu n’aurais pas obtenu le don de mon corps. — Ah ! Seigneur, ne dites pas que j’aie pu recevoir un si grand don. — Je le dis, Joseph, car je suis aux bons comme les bons sont à moi. Je viens à toi plutôt qu’à mes disciples, parce qu’aucun d’eux ne m’a autant aimé que toi et n’a connu le grand amour que je t’ai porté : tu m’as détaché de la croix, sans vaine gloire, tu m’as secrètement aimé, je t’ai chéri de même, et je t’en laisse un précieux témoignage en te rapportant ce vase, que tu garderas jusqu’au moment où je t’apprendrai comment tu devras en disposer. »

Alors Jésus-Christ lui tendit le saint vaisseau en ajoutant : « Souviens-toi que trois personnes devront en avoir la garde, l’une après l’autre. Tu le posséderas le premier, et, comme tu as