Page:Paris, Paulin - Romans de la Table Ronde, tome 1.djvu/136

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
130
JOSEPH

du compte qu’ils auraient à rendre. Pour échapper au châtiment, ils résolurent de s’emparer de Nicodème et de Joseph et de les faire mourir ; puis, si l’on venait leur demander ce qu’ils avaient fait de Jésus, ils convinrent de répondre que c’était aux deux Juifs chargés de le garder de dire ce qu’il était devenu[1].

Mais Nicodème, averti à l’avance, parvint à leur échapper. Il n’en fut pas de même de Joseph, qu’ils surprirent au lit et auquel ils donnèrent à peine le temps de se vêtir, pour l’emmener et le faire descendre à force de coups dans une tour secrète et profonde. L’entrée de la tour une fois scellée, il ne devait plus jamais être question de lui.

Mais au besoin voit-on le véritable ami. Jésus lui-même descendit dans la tour, et se présenta devant Joseph, tenant à la main le vase où son divin sang avait été recueilli. « Joseph, » dit-il, « prends confiance. Je suis le Fils de Dieu, ton Sauveur et celui de tous les hommes. » — « Quoi ! » s’écria Joseph, « seriez-vous le grand prophète qui prit chair en la vierge Marie, que Judas vendit trente deniers, que les Juifs mirent en croix, et dont ils m’accusent d’avoir volé le corps ? — Oui ; et pour

  1. Cette circonstance se trouve dans l’Évangile de Nicodème.