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JOSEPH

tient il vient à s’élancer dans l’eau. » Ils retinrent le nom qu’on leur disait et le répétèrent partout où ils allèrent, et depuis ce temps on ne désigna le vase que sous le nom de Graal ou Gréal. Chaque jour, quand les fidèles voyaient arriver l’heure de tierce, ils disaient qu’ils allaient à la grâce, c’est-à-dire à l’office du Graal.

Or Moïse, celui qui n’avait pas voulu se séparer des autres bons chrétiens, et qui, rempli de malice et d’hypocrisie, séduisait le peuple par son air sage et la douleur qu’il témoignait, Moïse fit prier instamment Joseph de lui permettre de prendre place à la table. « Ce n’est pas moi, » dit Joseph. « qui accorde la grâce. Dieu la refuse à ceux qui n’en sont pas dignes. Si Moïse veut essayer de nous tromper, malheur à lui ! — Ah ! Sire, » répondent les autres, « il témoigne tant de douleur de ne pas être des nôtres[1], que nous devons l’en croire. — Eh bien ! » dit Joseph, « je le demanderai pour vous. »

Il se mit à genoux devant le Graal et demanda pour Moïse la faveur sollicitée.

« Joseph, » répondit le Saint-Esprit, « voici le temps où sera faite l’épreuve du siège placé

  1. C’est ici qu’un feuillet du manuscrit a été enlevé. Nous le suppléons à l’aide de la rédaction en prose.