Page:Paris, Paulin - Romans de la Table Ronde, tome 1.djvu/172

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
166
TRANSITION

porte de mon hôte, en prenant congé. Vers l’heure de Tierce, nous trouvâmes une voie qui conduisait à l’issue de la forêt, et je vis, au milieu d’une grande prairie, une belle église appuyée sur de grands bâtiments, devant une eau qu’on appelait le Lac de la Reine. Dans l’église étaient de belles nonnes qui chantaient l’office de tierce à haute et agréable voix. Elles m’accueillirent, me firent chanter à mon tour, puis me donnèrent à déjeuner ; mais en vain me prièrent-elles de séjourner : je pris congé d’elles et rentrai dans la forêt à la suite de la bête. Quand vint le soir, je jetai les yeux sur une dalle au bord du chemin ; et j’y aperçus des lettres fermées que je m’empressai de déplier ; j’y lus : « Le Grand Maître te mande que tu achèveras ta quête, cette nuit même. » Je me tournai vers la bête, et ne la vis plus ; elle avait disparu. Je me repris à lire les lettres où j’appris ce qui me restait à faire.

« La forêt commençait à s’éclaircir : sur un tertre à demi-lieue de distance s’élevait une belle chapelle, d’où j’entendis partir une clameur épouvantable. Je hâtai le pas, j’arrivai à la porte, en travers de laquelle était étendu de son long un homme entièrement pâmé. Je fis devant son visage le signe de la croix ; il se leva, et je m’aperçus à ses yeux égarés qu’il avait le diable au corps. Je dis au démon de sortir, mais il me ré-