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LE SAINT-GRAAL.

les corps et de pourvoir à tous les besoins de la compagnie[1].

« Avance maintenant, Josephe, » ajouta Notre-Seigneur, « viens offrir le sacrifice de ma chair et de mon sang, à la vue de tout mon peuple. » Tous alors virent Josephe entrer dans l’arche, et les anges aller et venir autour de lui. Ce fut le premier sacrement de l’autel. Josephe mit peu de temps à l’accomplir ; il ne dit que ces paroles de Jésus-Christ à la Cène : Tenez et mangez, c’est le vrai corps qui sera tourmenté pour vous et pour les nations. Puis, en prenant le vin : Tenez et buvez, c’est le sang de la loi nouvelle, c’est mon propre sang, qui sera répandu en rémission des péchés. Il prononça ces paroles en posant le pain sur la patène du calice ; soudain le pain devint chair, le vin sang. Il vit clairement entre ses mains le corps d’un enfant dont le sang paraissait recueilli dans le calice. Troublé, interdit à cette vue, il ne savait plus que faire : il demeurait immobile, et les larmes coulaient de ses yeux en abondance. Notre-Seigneur lui dit : « Démembre ce que tu tiens, et fais-en trois pièces. » — « Ah ! Seigneur, » répondit Josephe, « ayez pitié de votre serviteur ! Jamais je n’aurai la

  1. C’est la distinction du pouvoir temporel et du pouvoir spirituel.