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LE SAINT-GRAAL.

avénement du Roi des rois, l’empereur César Auguste, assiégé des plus vives inquiétudes, s’était préparé à combattre celui qu’il pensait devoir être un conquérant. Il avait ordonné de lever un denier par tête dans toute l’étendue de l’Empire ; et comme la France passait pour nourrir la plus fière des nations soumises à Rome, il lui avait demandé cent chevaliers, cent jeunes demoiselles, filles de chevaliers, et cent enfants mâles âgés de moins de cinq ans. Le choix dans Meaux était tombé sur les deux filles du comte de la ville, nommé Sevin, et sur le jeune Évalac. On les conduisit à Rome, où bientôt furent remarquées la bonne grâce et la beauté de l’enfant, si bien que personne ne doutait de sa naissance généreuse. Sous le règne de Tibère, il fut attaché au service du comte Félix, gouverneur de Syrie, et avait trouvé grâce devant lui ; le comte l’avait armé chevalier en lui confiant le commandement de ses hommes d’armes. On parla beaucoup alors de ses prouesses ; mais un jour, s’étant pris de querelle avec le fils du gouverneur, il le tua et s’enfuit pour éviter la vengeance du père. Le roi d’Égypte, Tholomée Seraste[1], lui offrit alors

  1. Le surnom de Seraste semble une corruption du mot Sebastos, souverain, qu’on lit sur les monnaies grecques des Ptolémées à la suite de leur nom. Quant à Félix, on sait qu’il fut réellement procurateur de Syrie.