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SIMÉON ET CANAAN.

ils voient sortir de la forêt de Brocéliande un grand cerf blanc, portant au col une chaîne d’argent, et escorté par quatre lions. Josephe fait un salut en les voyant : le cerf s’avance vers la Colice, et la passe tranquillement ainsi que les lions, sans que leurs pieds soient plus mouillés que s’ils eussent traversé une rivière glacée.

Josephe dit alors : « Vous tous mes parents, qui êtes de la Table du Saint-Graal, suivez-moi ; que les pécheurs seuls attendent un nouveau secours. » Il suivit la ligne que le cerf avait tracée sur la rivière en la traversant, et parvint le premier de l’autre côté du rivage, où tous ses compagnons le rejoignirent, à l’exception des deux grands pécheurs, Siméon et Canaan.

Or, ce Canaan avait douze frères, qui tous supplièrent Josephe de ne pas le laisser ainsi abandonné. Josephe, cédant à leurs prières, repassa la Colice et prit par la main les deux retardataires. Mais, en dépit de son exemple et de ses exhortations, il ne put les décider à poser le premier pied sur les eaux, si bien qu’il dut revenir seul à l’autre bord. Heureusement, en apparence, un vaisseau monté par des marchands païens passa devant eux. Canaan et Siméon les prièrent de les prendre sur leur navire pour les transporter de l’autre côté. Les païens consentirent à les déposer près des