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AVENTURES DE PIERRE.

maigreur, on ne peut méconnaître la beauté de son corps. Pourquoi ne puis-je le mettre entre les mains du chrétien que mon père retient en prison, et qui sait comment on guérit les plus fortes blessures ! »

Ces paroles, dites à demi-voix, réveillèrent Pierron, dont grande fut la surprise en voyant devant sa nacelle plusieurs demoiselles richement vêtues. La fille du roi, quand il ouvrit les yeux, dit : « Qui êtes-vous, jeune homme ? — Dame, je suis un chevalier chrétien, né à Jérusalem : je me suis abandonné à la mer, dans l’espoir de trouver un homme assez sage pour connaître mon mal et le guérir. — Se peut-il, » reprit la demoiselle, « que vous soyiez chrétien ! Hélas ! mon père déteste les chrétiens et ne les souffre pas dans sa terre. Toutefois, en vous voyant si malade, j’ai grand désir de travailler à votre guérison. Que ne puis-je vous tenir dans nos chambres ! je vous ferais visiter par un mire de votre créance, qui sans doute trouverait la médecine qu’il vous faut. Mais, si mon père venait à le savoir, nous serions perdus, vous et moi. — Ah ! demoiselle, » reprit Pierron, « au nom de votre Dieu, non pour moi, mais en considération de gentillesse et de franchise, faites-moi parler au chrétien que vous dites. » Quand elle l’entend si doucement parler, elle