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TRANSITION.

En attendant que ce livre du Graal lui tombât entre les mains, Boron s’attacha à une autre légende, celle de Merlin. Pour la composer, il n’avait pas besoin du Saint-Graal ; il lui suffisait d’ouvrir le roman de Brut, de notre Wace[1], traducteur de l’Historia Britonum de Geoffroi de Monmouth, et de laisser, sur cette première donnée, un peu de champ libre à son imagination.

Il écrivit encore ce livre en vers, comme la suite du Joseph d’Arimathie. Nous n’avons conservé de cette continuation que les cinq cents premiers vers ; le temps a dévoré le reste. Mais, comme nous avons déjà dit, l’ouvrage entier fut heureusement réduit en prose vers la fin du douzième siècle, fort peu de temps après la publication du poëme ; et les exemplaires nombreux tirés de cette habile réduction suppléent à l’original que l’on n’a pas retrouvé.

Le Merlin finit avec le récit du couronnement d’Artus : on l’a prolongé, dans la plupart des copies qui nous restent, jusqu’à la mort du héros breton. Ainsi, de deux ouvrages composés par deux auteurs, on a fait l’œuvre unique

  1. J’ai déjà fait remarquer que Boron citait plusieurs fois le Brut et nulle part l’Historia Britonum. De là l’induction qu’il ne connaissait pas le texte latin, et qu’il écrivait son livre en France.