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livre prétendu breton était précisément, je le répète, la courte chronique latine de Nennius, et Geoffroy se faisait illusion en croyant s’en réserver seul la connaissance ; car Malmesbury, avant de mettre la dernière main à sa précieuse histoire des rois anglais, put la consulter et distinguer ce que le vieux chroniqueur avait sincèrement raconté de ce que Geoffroy de Monmouth y avait gratuitement ajouté.

Mais pendant que Malmesbury faisait ainsi preuve d’un judicieux sentiment historique, les deux autres annalistes contemporains, Henri de Huntingdon et Alfred de Bewerley, admettaient sans contrôle les récits de ce même Geoffroy. Le premier, pour se consoler de les avoir connus trop tard, les résumait dans une épître jointe aux plus récentes transcriptions de son ouvrage ; le second reproduisait en entier l’Historia Britonum, phrase par phrase, sinon mot par mot[1].

Je reviens à Nennius. Warton et les meilleurs critiques s’accordent à regarder la chronique qui porte ce nom comme l’œuvre d’un Breton armoricain, et M. Thomas Wright est persuadé que le texte n’en parvint en Angleterre que dans la première partie du douzième

  1. Alvredi Beverlacens. Annales, seu Historia de gestis regum Britanniæ lib. IX