Page:Paris, Paulin - Romans de la Table Ronde, tome 1.djvu/61

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nommée depuis Kaermerdin[1], ils remarquent plusieurs jeunes gens jouant sur la place ; et bientôt une dispute s’élève : « Oses-tu bien, » disait l’un d’eux, « te quereller avec moi ! Sommes-nous de naissance pareille ? Moi, je suis de race royale par mon père et par ma mère. Toi, personne ne sait qui tu es ; tu n’as jamais eu de père. » En entendant ces mots, les messagers approchent de Merlin ; ils apprennent qu’en effet l’enfant n’a jamais connu son père, et que sa mère, fille du roi de Demetie (le Southwall), vivait retirée dans l’église de Saint-Pierre, parmi les nonnes. La mère et le fils sont aussitôt conduits devant Wortigern, et la dame interrogée répond : « Mon souverain seigneur, sur votre âme et sur la mienne, j’ignore complètement ce qui m’est arrivé. Tout ce que je sais, c’est que, me trouvant une fois avec mes compagnes dans nos chambres, je vis paraître devant moi un très-beau jouvenceau, qui me prit dans ses bras, me donna un baiser, puis s’évanouit. Maintes fois, il revint comme j’étais seule, mais sans se découvrir. Enfin, je le vis à plusieurs reprises sous la forme d’un homme, et il me laissa avec cet enfant. Je jure devant vous que jamais je n’eus de rapport avec un

  1. Kaer-Merdin, ville de Merdin ; aujourd’hui Caermarthen, dans le Southwall.