Page:Paris, Paulin - Romans de la Table Ronde, tome 1.djvu/85

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

accorder à la critique une trop grande licence que lui permettre de supposer apocryphes tous les passages qui dans un ouvrage justifieraient l’opinion qu’elle voudrait contredire.

Alexandre était mort en 1147, et Geoffroy de Monmouth fut lui-même élevé au siége de Saint-Azaph, dans le pays de Galles, en 1151. Il est naturel de penser que ce fut dans l’intervalle de ces quatre années qu’il adressa la Vita Merlini à l’évêque Robert de Quesnet, successeur d’Alexandre.

Mais (dira-t-on, pour expliquer la différence des légendes) il y eut deux prophètes du nom de Merlin : l’un fils d’un consul romain, l’autre fils d’un démon incube ; le premier, ami et conseiller d’Artus, le second, habitant des forêts ; celui-ci surnommé Ambrosius, celui-là Sylvester ou le Sauvage. L’Historia Britonum a parlé du premier, et la Vita Merlini du second.

Je donnerai bientôt l’explication de tous ces doubles personnages de la tradition bretonne : mais il sera surtout facile de prouver à ceux qui suivront le progrès de la légende de Merlin que l’Ambrosius, le Sylvester et le Caledonius (car les Écossais ont aussi réclamé leur Merlin topique) ne sont qu’une seule et même personne.

Après avoir été, dans Nennius, fils d’un con-