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Page:Paris, Paulin - Romans de la Table Ronde, tome 2.djvu/124

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LE ROI ARTUS.

couleur à qui mieux mieux. Enfin, les nappes ôtées et les mains lavées, ils allèrent s’appuyer aux fenêtres du palais, regardant les marais prolongés, et au delà les grands bois, les terres cultivées et les viviers. Puis vint l’heure du coucher. On conduisit les deux rois dans une chambre voisine de la grande salle ; les demoiselles y avaient dressé deux lits de grande richesse et de grande beauté. Dès qu’ils furent couchés, Merlin jeta sur le château un nouvel enchantement ; un sommeil profond s’étendit sur tous ceux qui s’y trouvaient, à l’exception du roi Ban et de la demoiselle, l’amour dont ils étaient surpris ne leur permettant pas de dormir. Merlin vint à la chambre où reposait la pucelle, et, la tirant doucement par le bras : « Or sus, belle, » lui dit-il, « venez à celui qui n’a d’autre désir que de vous voir. » Celle-ci, que le charme empêchait de résister, se leva de son lit toute nue à l’exception de sa chemise et d’un léger pelisson. Merlin la fit passer devant le lit de son père, devant celui des chevaliers et des sergents ; mais l’écroulement des murs et des tours ne les aurait pas éveillés. Ils entrèrent enfin dans la chambre où reposaient les deux rois, et qui était encore éclairée de cierges. Ils arrivent au lit où dormait le roi Bohor, puis à celui où le roi Ban appelait vainement le sommeil à son aide, pour lui