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LE ROI ARTUS.

asservie aux mécréans. Gauvenet, voyant les larmes qui couvraient le visage de sa mère : « Belle mère, » lui dit-il, « pourquoi pleurez-vous ainsi ? – N’en ai-je pas, » reprit la dame, « grand sujet ? Je vous vois le temps user en folie, quand vous devriez être déjà chevaliers et porter les armes à la cour de votre oncle, le roi Artus. Vous ménageriez ainsi la paix entre votre père et votre oncle ; car n’est-ce pas aux barons grand orgueil et grand tort de refuser de reconnaître Artus, pour continuer une guerre que le Seigneur Dieu désapprouve, comme il est aisé de le voir aux malheurs qui en sont venus ? Pendant qu’ils se laissent vaincre par Artus, les Saisnes entrent dans leurs terres et mettent tout en charbon. Et vous, au lieu de chercher à les accorder, perdez votre temps à courre les lièvres dans la plaine.

« – Comment, belle mère, » reprend Gauvain, « est-il vrai que le roi Artus soit votre frère et notre oncle ? – N’en doutez pas, beau fils. » Et tout de suite elle raconte comment Artus fut conçu, nourri chez Antor, reconnu par Merlin, par Ulfin, par l’archevêque ; comment il accomplit l’épreuve du perron. « Puisqu’il est ainsi, » dit Gauvain, « ne pleurez plus, belle mère ; par la foi que je vous dois, je n’aurai de heaume en tête et