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LES DEUX YVAIN.

avoutre ou bâtard, par le surnom de Grand, il était de beauté et déjà de force merveilleuses : dès qu’il avait entendu parler des prouesses de son oncle Artus, il avait refusé de prendre des armes de la main de son père et de tout autre, et souvent il lui arrivait de dire à son frère Yvonet l’avoutre qu’il ne porterait jamais d’épée s’il ne la tenait d’Artus. Les nouvelles arrivèrent alors de la chevauchée de Gauvenet avec ses frères et Galeschin ; de la proie qu’ils avaient enlevée aux Saisnes et de leur séjour dans la ville de Logres. Yvonet le grand alla trouver aussitôt la reine Hermesant « Belle mère, » dit-il, « voilà mes cousins qui sont allés à la cour du roi Artus pour demander des soudées. S’il vous plaisait, je suivrais leur exemple et tâcherais de les rejoindre. Vous savez que mon père s’est engagé à donner la terre qui venait de lui à son neveu Baudemagus ; celle que vous lui avez apportée en mariage doit me revenir : laissez-moi je vous prie, belle mère, joindre mes cousins, et tenter comme eux de combattre les mortels ennemis que nous ne pouvons espérer de chasser sans l’aide du roi Artus. Mais quoi qu’il puisse arriver, belle mère, je ne ferai rien contre votre volonté et s’il vous en pèse. »

La dame, en entendant ainsi parler son fils,