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LE ROI ARTUS.

ne put retenir ses larmes de tendresse et de joie. « Cher Yvonet, beau fils, » dit-elle, « où avez-vous pris le cœur et la volonté de me délaisser, pour un homme que vous ne connaissez pas ? — Ah mère ! tout ce qu’en disent les prud’hommes m’avait déja averti que le roi Artus est votre frère et mon oncle ; je serais donc bien avili si je restais dans une terre où je ne puis tenter la moindre prouesse, quand mes cousins combattent les Saisnes et défendent la terre de Logres. — Eh bien, je consens à votre depart ; mais agissez secrètement, et que votre père n’en sache rien. « Avisez à vous procurer des compagnons ; et je me chargerai de vos robes, de vos chevaux, de vos armes et des deniers dont vous pourrez avoir besoin. — Grand merci, belle mère ! » fit Yvonet ; sans perdre temps il s’en va trouver Yvonet l’avoutre et le voit heureux de l’accompagner. Le départ est remis à huitaine, et cependant ils réunissent trois cents écuyers disposés à former leur mesnie. Le jour venu, ils se lèvent après le premier somme, à l’heure de minuit, et se mettent à la voie dans la direction de Logres où nous ne tarderons pas à les retrouver.

On ne manquera pas de remarquer ici que tous nos jonvenceaux sont inspirés de l’âme et du cœur de leurs mères ; que celles-ci ont