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Page:Paris, Paulin - Romans de la Table Ronde, tome 2.djvu/160

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LE ROI ARTUS.

l’accompagner ; mais, la voyant profondément endormie, elle ne voulut pas la réveiller et s’éloigna, un psautier à la main. Le roi l’avait suivie des yeux et l’avait vue sortir seule de la chambre de la sénéchale ; aussitôt il se lève lui-même, éteint les cierges qui brûlaient d’une salle à l’autre, et vient doucement partager le lit de la femme de Cleodalis. La dame se réveille demande qui il est, tout effrayée. « Je suis le roi, » dit-il, « tenez-vous coie ; un seul mot, et vous êtes morte. » Elle se défendit pourtant longtemps de paroles, mais elle n’osa crier, si bien que le roi reposa près d’elle et la rendit mère d’une fille, peu d’heures après qu’il eut engendré de sa femme la première Genièvre. À neuf mois de là et la nuit même que celle-ci vint au monde, la sénéchale se trouva prise des mêmes douleurs et mit au jour une fille qui n’était pas moins belle que l’autre Genièvre et reçut le même nom ; on ne les aurait jamais distinguées, si la fille de la reine n’avait eu, un peu au-delà des reins, une couronne royale parfaitement marquée. La princesse, dit ailleurs le romancier, était un peu plus grande et colorée que l’autre Genièvre, mieux fournie de grands et beaux cheveux. Elle avait aussi meilleure langue, comme ne le cédant à personne en éloquence et en raison. Les deux jeunes filles furent élevées ensemble et ne