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LES DEUX GENIÈVRE.

se quittaient jamais. La reine de Carmelide étant venue à mourir, tel était l’amour du roi pour la sénéchale que, voulant empêcher Cleodalis de converser avec elle ; il avait enfermé la dame dans un sien castel et l’y retenait déjà depuis cinq ans, lorsque Merlin, Artus et leurs compagnons arrivèrent en Carmelide. Les amis de Cleodalis, indignés de la mauvaise conduite du roi, ne manquèrent pas d’engager le sénéchal à lui rendre son hommage et à le défier ; mais il répondait qu’il s’en garderait tant que la guerre ne serait pas mise à fin et, de fait, la honte que lui faisait le roi ne l’empêchait pas de le servir le mieux et le plus loyalement qu’il pouvait. Tel était le bon Cleodalis, telles étaient les deux demoiselles.

La princesse Genièvre, après avoir servi les trois rois, rendit à son père le même office. Quand ils eurent lavé, elle mit sur les épaules de chacun d’eux un riche manteau. Artus était de grande beauté, il regardait volontiers Genièvre, et la demoiselle disait entre ses dents : « Heureuse la dame que si beau, si bon chevalier voudrait aimer ! Honnie à toujours celle qui l’éconduirait ! »

Les tables mises et le manger dressé, les convives prirent place : les chevaliers de la Table ronde s’assirent côte à côte des soudoyers inconnus, le roi Artus entre les rois Ban et Bohor ;