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LE ROI ARTUS.

Leodagan se plaça à la gauche du roi Ban et ne tarda pas à tomber dans une profonde rêverie qui lui représentait tout ce que les vaillants inconnus avaient fait pour lui. Sa fille, tenant à la main la coupe d’or de son père, s’agenouille alors devant Artus et la lui tend. Artus la regarde et ne peut se défendre d’admirer encore plus sa beauté. C’était en effet la plus belle femme qui fût au monde : elle avait le visage entièrement découvert[1], avec un chapelet d’or sur la tête, les cheveux tombant en longues tresses sur ses épaules et le long de ses reins, plus blonds et plus luisants que l’or le plus fin ; le visage fraîchement coloré, heureusement mélangé de blanc et de vermeil ; les épaules droites et flexibles comme un jonc, le corps gracieusement cambré, les bras grands et longs, les jambes droites et polies, les flancs grêles, les hanches basses, les pieds blancs et arrondis, les mains longues, blanches et mollettes. Que vous irai-je devisant ? Genièvre avait en elle

  1. « Elle estoit tote desloïe et ampur cors. » Fo 128 vo. C’est-à-dire qu’elle n’avait pas le visage à demi caché sous la guimpe que les femmes portaient alors ordinairement. Ce sens est justifié par cet autre endroit où l’on décrit le costume nuptial de Genièvre : « Elle fut toute desloiée et avoit le plus biau chief que fame peust porter… et fu vestue d’une robe de drap de soie, » etc. (f. 179).