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GENIÈVRE DE CARMELIDE.

chesse des domaines. Et plût à Dieu qu’il en fût ce que j’ai en pensée ! elle aurait pour époux un jeune, bel et preux bachelier qui, si je présume bien, est encore de plus haut lignage qu’elle. » En l’entendant ainsi parler, Merlin et Ban se prirent à sourire ; ils devinaient la secrète pensée du roi. Mais ils détournèrent la conversation et parlèrent d’autre chose, ce qui fit croire à Leodagan qu’ils ne voulaient pas entendre à ce qu’il eut souhaité. La demoiselle n’était pas moins attentive que son père aux marques de respect et de déférence que les deux frères rois et leurs chevaliers semblaient rendre à Artus : si bien qu’elle désirait déjà vivement de l’avoir à seigneur, bien que l’histoire dise que de toutes les femmes de la Bretagne Genièvre était la plus sage, aussi bien que la plus belle, et bientôt après la mieux aimée.

Mais ici nous quittons cet agréable sujet pour suivre la lutte que les rois feudataires soutiennent contre les Saisnes. Les romans de la Table ronde semblent avoir les premiers introduit dans la littérature moderne l’usage de ces récits entremêlés, interrompus et repris, auxquels le divin auteur de l’Orlando furioso nous a accoutumés, et qui, tout en causant au lecteur une passagère impatience, concourent à l’agrément de l’ensemble. La poésie ni l’histoire ne nous