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GAUVAIN.

aventure du monde : mais vous avez trop de couardise pour une telle entreprise. Je vais tout seul la tenter. »

Gauvain, en s’entendant nommer couard, rougit de honte. « Quand je devrais mourir, » dit-il, « nous irons de compagnie. » L’autre, riant sous cape, ne fait pas mine de l’entendre et s’éloigne. « Attendez-moi donc ! » lui crie Gauvain, « je prétens bien vous suivre ; mais au moins fiancez-moi que vous n’avez pas de félonne intention. — S’il ne s’agit que de cela, je vous en assure » dit le chevalier. Gauvain aussitôt demande ses armes, et, pendant qu’on l’en revêt, les autres écuyers obtiennent du chevalier inconnu la permission d’être de la chevauchée. Ils sortent d’Arondel au nombre de sept cents, des meilleurs et des mieux montés. Après avoir marché un jour et une nuit, ils entendent, comme le soleil venait de se lever, un violent tumulte et de grands cris. Un écuyer accourt vers eux, tout effrayé, portant un berceau dans ses bras. « Qui êtes-vous ? » dit Gauvain, « et pourquoi fuyez-vous ainsi ? » L’autre, reconnaissant des chrétiens, répond : « Je suis au roi Loth que les Saisnes ont déconfit à l’entrée de la plaine voisine. Comme nous avancions par devers Glocedon, où nous devions résider, les Saisnes ont fondu sur nous et ont retenu