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Page:Paris, Paulin - Romans de la Table Ronde, tome 2.djvu/181

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VIVIANE.

était le filleul et qui lui avait donné son nom. La dernière fois qu’elle était venue, elle lui avait accordé un don : « Dionas, » avait-elle dit, « je veux, si les dieux de la mer et des étoiles y consentent, que la première fille conçue par ta belle et sage épouse soit aimée et convoitée du plus savant des hommes qui naîtront sous le règne de Wortigern ; ce sage lui communiquera la meilleure partie de ce qu’il sait en nécromancie ; il lui sera, dès le premier jour qu’il l’aura vue, entièrement assujetti, au point de ne pouvoir rien lui refuser de ce qu’elle voudra lui demander. »

Cette fille naquit en son temps, et reçut en baptême le nom de Viviane, qui répond en chaldéen au sens de Rien n’en ferai[1]. Viviane, à douze ans, était la plus belle créature que l’on pût jamais rêver. Merlin, après avoir donné à Léonce de Paerne, comme nous avons vu, les moyens de défendre contre le roi Claudas la terre de Benoyc, s’arrêta dans la forêt de Briosque sur le perron d’une fontaine à l’onde limpide, au sable transparent, à la source argentée. Il avait pris la figure d’un jeune varlet. Viviane, Merlin ne l’ignorait pas, venait ordinairement s’asseoir dans cet agréable lieu. Elle

  1. « Néant ou néant ne ferai, lequel sens retornoit seur Merlin, si com li contes le divisera. » (Ms. N. D. no 206, fo 86.)