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LE ROI ARTUS.

arriva ; Merlin, sans dire un mot, attacha longtemps ses regards sur elle. « Quelle folie cependant à moi, » pensait-il, « si je m’endors dans mon péché au point de perdre le savoir et le sens que Dieu m’a donnés, pour le déduit d’une simple jeune fille ! » Ces sages réflexions ne l’empêchèrent pas de la saluer. En demoiselle sage et bien apprise, elle répondit : « Celui qui connaît le secret des pensées me donne les moyens comme le désir de vous bien faire ! qu’il vous mette à l’abri de tous dangers, et qu’il vous accorde ce que vous souhaitez sans doute aux autres ! » À ces douces paroles, Merlin s’assit sur le bord de la fontaine. « Qui êtes-vous, demoiselle ? » demanda-t-il. — « Je suis fille d’un vavasseur de ce pays, d’ici vous apercevez son manoir. Mais vous, bel ami ? — Je suis un vallet errant à la recherche du maître qui m’apprenait. — Vous appreniez ? et quel métier ? — Dame, » répond Merlin, « par exemple à soulever dans l’air un château, comme celui que vous voyez, fut-il entouré d’assiégeants et rempli d’assiégés ; ou bien à marcher sur cet étang sans y mouiller la pointe de mes pieds ; ou bien à faire passer une rivière sur une plaine jusque-là desséchée. — Voilà, » dit la jeune fille, « un beau savoir, et je donnerais bien des choses pour apprendre de pareils secrets. —