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VIVIANE.

« Ah demoiselle, j’en connais encore de plus beaux, de plus agréables. Il n’est pas de jeux que je n’aie le pouvoir de jouer pour tout le temps qu’il me plairait. — Oh ! » dit la pucelle, « s’il ne vous déplaisait, je verrais bien volontiers quelques-uns de ces jeux, dût la condition être de demeurer, tant que je vivrais, votre amie, sauve toute vilenie. — Demoiselle, » répond Merlin, « vous me semblez de si bonne nature que pour votre pur amour il n’est rien que je ne fasse. »

Elle lui engage sa foi : Merlin se tire un peu à l’écart, fait un cercle, revient à Viviane et se rassied sur le bord de la fontaine. L’instant d’après, la demoiselle regarde et voit sortir de la forêt de Briosque dames et chevaliers, écuyers et pucelles se tenant main à main et faisant la plus belle fête du monde. Puis jongleurs et jongleresses se rangent autour de la ligne que Merlin a tracée, et commencent à jouer du tambour et d’autres instruments. Les danses s’ébranlent et les caroles, plus belles et gracieuses qu’on ne saurait dire. Pour tempérer la chaleur du jour, on voit à quelques pas de là se dresser un frais verger couvert des meilleurs fruits et parsemé des fleurs les plus belles et les mieux odorantes. À la vue de tant de merveilles, Viviane ne sait que voir ou écouter : elle regrette de n’avoir que deux yeux. Elle