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LE ROI ARTUS.

du roi Artus et de son maître Blaise, il les avertit qu’une puissance invincible l’obligeait à retourner dans la petite Bretagne auprès de son amie et qu’il n’en reviendrait jamais. « Mais, » lui dit Blaise, « s’il en doit être ainsi, pourquoi allez-vous à votre perte ? — Je m’y suis engagé, » répondit Merlin, « et je ne l’aurais pas promis, telle est la violence de mon amour, que je ne pourrais m’en défendre. J’ai donné à celle qui m’attire les moyens de me tromper : ce qu’elle sait, elle me le doit, et je lui en apprendrai plus encore ; car je ne puis résister à rien de ce qu’elle demandera. »

Parlant ainsi, Merlin s’éloigna de Blaise : peu d’heures lui suffirent pour arriver près de son amie, qui lui fit la plus grande joie du monde. Ils demeurèrent longtemps ensemble ; Merlin prévenant ses vœux, lui révélant tous ses secrets, et se trouvant tellement sans défense contre elle que bien des gens ont dit et disent encore qu’il était devenu fou. Viviane, dans son enfance, ayant été mise aux lettres et connaissant les sept arts, prit soin de mettre encore en écrit ces derniers secrets de Merlin, et c’est ainsi qu’elle parvint à connaître plus d’enchantements que nulle autre femme ; il ne lui restait plus qu’à trouver un moyen sûr de retenir à jamais le sage prophète ; elle avait