Aller au contenu

Page:Paris, Paulin - Romans de la Table Ronde, tome 2.djvu/189

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
183
VIVIANE.

beau chercher, elle n’arrivait pas à ses fins. Il fallut encore pour cela recourir à lui-même. Elle redoubla donc ses caresses et ses blandices : « Je le vois, » lui dit-elle, « vous avez défiance de moi ; autrement vous ne cacheriez pas un dernier jeu que, précisément à cause de cela, je brûle de savoir. — Et quel est ce jeu ? » dit Merlin, devinant sa pensée. — « C’est le secret d’enserrer un homme, sans tour, sans murailles et sans liens, par l’effet d’un charme dont j’aurais seule la disposition. » Merlin, en l’entendant ainsi parler, baissa la tête, poussa un soupir et se tut. « Pourquoi soupirez-vous ? » lui dit la demoiselle. — « Ah ! ma dame, je le sais, vous voulez faire de moi votre prisonnier ; et telle est la force de mon amour que je ne puis aller contre votre volonté. » À ces mots, la demoiselle lui met ses bras autour du cou et le presse tendrement sur son cœur : « Merlin, » dit-elle, « ne devez-vous pas être tout à moi qui suis toute à vous ? Pour votre amour n’ai-je pas oublié père et mère ; ne les ai-je pas quittés pour rester avec vous ? Mes pensées, mes désirs, mes joies, mes espérances, j’ai mis tout en vous, je ne puis rien attendre que de vous. Et, si vous m’aimez autant que je vous aime, n’est-il pas juste que vous suiviez ma volonté comme j’ai toujours suivi