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Page:Paris, Paulin - Romans de la Table Ronde, tome 2.djvu/230

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MERLIN À ROME.

Comment ? serais-tu chrétien ? aurais-tu bien trouvé le moyen de recevoir le baptême ? — Oui, je suis baptisé. Ma mère, revenant une fois du marché, fut surprise par la nuit dans la grande forêt de Broceliande. Elle s’égara, ne put trouver l’issue et, accablée de fatigue, s’arrêta sous un arbre où elle endormit. Durant son sommeil, un homme sauvage s’approcha d’elle et la réveilla : elle était sans force contre lui, et presque mourante de peur : alors je fus conçu. Ma mère retourna tristement à son logis : quand je vins au monde elle me fit baptiser, et me garda près d’elle, durant ma première enfance. Mais, dès que je pus courir, je la quittai et m’en allai vivre dans les grands bois ; car je tiens de mon père le besoin de séjourner au milieu des forêts. »

L’empereur dit alors : « À Dieu ne plaise qu’un homme aussi sage reste plus longtemps enchaîné ! Je dois me confier à ta parole. » Grisandole alors raconta comment le prisonnier avait ri durant la traversée : « Je vous expliquerai tout cela, » dit le Sauvage ; « mais que l’empereur mande les barons de son conseil, c’est devant eux que je veux parler. »

À trois jours de )à, l’empereur assembla les barons ; il fit asseoir à ses côtés l’homme sauvage en le priant d’exposer lui-même le songe