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LE ROI ARTUS.

qu’il avait fait. Celui-ci ne voulut parler qu’en présence de l’emperière et de ses douze demoiselles de compagnie. Les dames furent mandées, l’emperière arriva, le visage riant et reposé, comme celle qui n’avait rien à craindre de personne. À son arrivée, les barons se levèrent par révérence ; pour le Sauvage, il se détourna, se prit à rire d’une façon méprisante, et s’adressant à l’empereur : « Sire, si vous voulez que je parle, il faut m’assurer que vous ne m’en saurez aucun mauvais gré et que vous ne m’en donnerez pas moins congé de retourner d’où je suis venu. » L’empereur ayant accordé : « Sire, vous avez cru voir, une nuit que vous dormiez près de cette femme, une grande truie dont les soies traînaient jusqu’à terre, et dont la tête portait un cercle d’or : cette truie vous semblait nourrie dans votre hôtel ; vous l’aviez déjà vue ; vous avez ensuite vu douze louveaux approcher l’un après l’autre, couvrir la truie, puis retourner dans la chambre voisine. Alors vous alliez demander à vos barons quel jugement était à faire de cette truie ; et les barons la condamnaient au bûcher, elle et ses louveaux. N’est-ce pas là votre vision ? — C’est elle-même, » dit l’empereur. Les barons de Rome ajoutèrent : « Sire, puisqu’il a su connaître un songe dont vous n’aviez parlé à