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MERLIN.

de ne pas venir ici ; vous jetteriez un blâme sur moi qui n’en ai pas besoin. — Que parlez-vous de blâme, » reprend la méchante sœur, « et de mauvaise vie ? La vôtre est pire que la mienne ; je sais que le faux homme de Dieu vous tient en mauvaise part, et si les juges le savaient comme moi, vous seriez brûlée. »

À ces paroles, la demoiselle se courrouça : elle dit à sa sœur de sortir de la maison. — La maison est à moi comme à vous ; nous la tenons de mon père, j’entends y rester. — Vous sortirez ! » Et, la prenant vivement par le bras, elle allait la jeter dehors, quand les garçons vinrent à la traverse, saisirent la demoiselle et l’accablèrent de coups. Elle leur échappa à grand’peine ; et, rentrant aussitôt dans sa chambre, elle en ferma la porte sur elle. Comment aurait-elle résisté ? il n’y avait dans la maison que sa bagasse[1] !

Dès qu’elle fut enfermée, elle se jeta toute vêtue sur son lit et se mit à pleurer amèrement, en repassant dans son cœur les anciens malheurs de sa famille et la honte qu’elle venait encore de subir ; puis, tout inondée de larmes, elle s’endormit.

Et le démon, voyant que, demeurée seule

  1. La fille qui la servait.