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LE ROI ARTUS.

surprit le jour du mariage d’Artus, et le perça d’une miséricorde qu’il portait sous sa chape. Cela fait, il rentra dans son hôtel, et cependant les deux écuyers qui accompagnaient la victime jetèrent le cri d’alarme ; on accourut de tous côtés, à brandons, à torches, à lanternes et l’on apprit que le meurtrier était Bertolais surnommé le Roux.

Leodagan revenait d’entendre la messe, quand il reçut les parents du chevalier mort, et entendit leur clameur. Il manda aussitôt Bertolais, qui vint à grand cortège de chevaliers. « Sire baron, » dit le roi Leodagan, « pourquoi avez-vous occis ce chevalier ? — Je ne l’ai pas fait en trahison, je l’avais défié et je le prouverai corps à corps envers et contre tous : on sait que j’avais de bonnes raisons d’en agir ainsi, car il avait tué mon cousin après l’avoir honni de sa femme. Or je tiens qu’après avoir défié son ennemi, on a droit de lui faire tout le mal possible. — Non, » reprit le roi, « si j’avais reçu votre plainte, si j’avais refusé de vous faire droit, vous auriez pu prendre sur vous la vengeance ; mais vous ne me prisiez pas assez pour m’en faire clameur. — Sire, » dit Bertolais, « vous direz ce qu’il vous plaira ; mais je ne vous ai pas forfait et ne vous forferai jamais. — Que le droit en soit donc fait et que la cause