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BERTOLAIS.

soit soumise à l’égard de mes barons. » On choisit les juges au nombre de dix, savoir : les rois Artus, Ban et Bohor ; messire Gauvain ; messires Yvain, Sagremor, Nascien, Adragain, Hervis du Rinel et Guiomar. Les avis furent longtemps partagés, mais enfin ils s’accordèrent à juger que Bertolais serait déshérité et banni de la contrée. Le roi Ban, qui passait pour avoir la meilleure éloquence, fut chargé de prononcer le jugement : « Sire, » dit-il à Leodagan, « nos barons ont considéré que Bertolais le Roux devait perdre toute la terre qu’il tient de vous et quitter durant trois ans le pays, pour avoir pris sur lui la justice du chevalier et l’avoir mis de nuit à mort ; car la justice n’était pas sienne, et vous teniez alors une cour enforcée qui donnait droit à chacun de compter sur un sauf-conduit pour aller et venir. »

Le roi Ban reprit son siège, et Bertolais, qui eût faussé le jugement s’il avait été rendu par de moins hauts personnages, s’éloigna sans dire une parole, accompagné jusqu’aux limites du royaume par un grand concours de chevaliers qui maintes fois avaient reçu ses dons et ses soudées. Après les avoir tous recommandés à Dieu, il arriva dans l’abbaye ou venait justement d’être conduite la seconde Genièvre. Ce fut là qu’il s’arrêta, et qu’il entrevit bientôt les moyens de se venger et du roi Artus et du roi